Il y a des moments, des situations où je n’ai pas envie de parler de ma transidentité.
T’es magnifique, ta transformation est impressionnante.
Voilà comment une connaissance m’a abordée ce soir-là en rentrant du travail. Elle ne m’avait pas encore croisée depuis le début de ma transition.
Je sais qu’elle voulait me montrer de la sympathie, mais notre échange m’a mise mal à l’aise.
Et Rebelote !
Je suis fière de toi, t’es magnifique. On ne dirait pas que tu étais un homme.
Bon déjà… est-ce que l’endroit est approprié ? On se trouve dans un train, dans un espace où beaucoup de monde est autour de nous. Je ne me sens pas en sécurité d’en parler et je n’ai aucune envie de me faire outer.
Ensuite, c’est plutôt étrange de se faire complimenter ainsi. C’est dur d’être comparée à mon genre passé, un genre qui ne m’a jamais vraiment convenu.
Ça fait mal?
Comment ça ? Qu’attends-tu comme réponse ? Ah… indirectement, tu essaies de me demander si je me suis fait opérer. Tu n’as pas l’impression de poser une question trop intime. On se connaît, mais on n’est pas proche non plus.
J’ai seulement répondu « Non » sans rien préciser. J’ai bien remarqué qu’elle s’attendait à plus d’ouverture de ma part. Ce n’est pas la première fois que j’ai l’impression que, parce qu’iels se sentent bienveillant·e·s à notre égard, nous leur devons de leur exposer tout sur notre parcours. C’est juste voyeuriste, et j’ai le droit de vous dire que ça ne vous regarde pas.
Résultat, c’est moi qui suis passée pour une personne froide.