Dans le train, une femme est venue vers moi pour me demander une serviette hygiénique. J’étais toute désolée pour elle. Je n’ai pas de raison d’en avoir avec moi.

C’est un peu inédit parce que j’ai encore du mal à me percevoir au féminin au quotidien. Quand je sors de chez moi, j’ai cette impression que tout le monde va remarquer que je suis trans.

Il faut que je me sorte ça de la tête. Je suis une meuf, j’ai un bon passing et je suis même plutôt bonne !

J’aimerais pourtant aborder un paradoxe. Parfois, c’est presque décevant. J’ai envie qu’on le remarque. Parce que j’ai une immense fierté d’être trans. Ça me plait d’être une meuf, et ça me plait d’avoir une bite !

N’y voyez aucune injonction dans ma fierté. Peu importe ce que vous souhaitez pour vous. Peu importe si vous souhaitez l’afficher, le cacher, avoir un pénis, faire une vagino, faire une THS ou non : vous êtes légitime, unique en votre genre !

D’une certaine manière, avec ma transition, j’ai gagné en confiance, je suis devenue plus sociable et j’ai pris gout à me montrer. Je veux qu’on me perçoive comme une femme, belle et féminine. Mais je souhaite aussi afficher ma différence, montrer que je suis trans, partager mon vécu, montrer que j’existe.

Et je suis là, le cul entre deux chaises. D’un côté le cis-passing et de l’autre ma transitude.