Contenu sensible : transphobie, TERF, validisme
Je suis hors de moi. Quand j’y repense, ça m’énerve. Mes patrons sont de moins en moins bienveillants. Dans une conversation, j’ai évoqué le développement récent des mouvements TERFs. C’était juste une blague anodine à ma collègue pour la faire marrer. Même si ces mouvements m’inquiètent.
À peine évoqué qu’on me coupe la parole. Je n’y ai plus eu droit jusqu’à la fin. Cool, me voilà obligée d’écouter mes deux patrons, cinquantenaire cis blanc, débattre entre eux. Moi et mes collègues (deux femmes), nous n’avons presque pas eu notre mot à dire.
Non, mais tu les vois où tous ces problèmes ? Parce que moi je ne vois rien. Sérieusement, faut arrêter de se victimiser. C’est n’importe quoi toutes ces communautés qui chacune veulent leur drapeau. Pfff… la non-mixité, on a plus le droit de ne rien faire parce qu’on n’est pas des femmes. Ça va aller jusqu’où ? On aura des groupes pour les femmes trans, des groupes pour les femmes noires et bientôt des groupes pour des femmes naines noires et pauvres ?
Suivi de toute une théorie que c’est la faute des réseaux sociaux, qu’on est devenue woke, que c’était mieux avant, etc.
Bref… j’ai eu l’impression de m’être fait cracher à la gueule ! Sur le moment je bouillonnais ! Juste contente d’avoir vu mes deux collègues aussi grincer des dents.
Les violences sont réelles ! J’en parle plus au travail, parce qu’à chaque fois vous allez minimiser ou décrédibiliser mon vécu. Cette première année, j’ai été exclue d’un cours de musique parce que mon prof était « mal à l’aise ». J’ai vécu trois harcèlements de rue et harcèlement en ligne plutôt violent. Je me suis fait traiter de pute par ma grand-mère et mon père. Je vis aussi depuis 8 mois dans la crainte que celui-ci puisse me tuer.
Non, aller vous faire foutre ! Ce n’est pas que sur Twitter. C’est réel.
Moi je demande juste de pouvoir vivre ma vie comme je l’entends sans subir de violence !
Ça me trouble énormément, car on a aussi eu de beaux moments. J’adore les projets et les clients pour qui je travaille.
Mais ma coupe était déjà pleine avant. J’ai du me fermer, car j’étais très affectée quand vous psychanalysiez le comportement de mes agresseurs.
Également quand je parlais de mon vécu, au travers de théories new-age à la con pour m’expliquer pourquoi j’étais trans.
Ou encore ces propos pendant la période du covid qui m’avaient complètement plombé. Sympa d’entendre que les personnes malades le sont parce qu’elles n’ont pas pris soin d’elle, pendant que des proches sont en difficulté. Toutes les maladies seraient uniquement de la faute de la personne. Cool, de culpabiliser ainsi !
N’allez pas vous étonner qu’en ce moment je manque de motivation.
J’ai la rage. J’en ai les larmes. Pourquoi c’est toujours moi qui dois me casser, m’isoler ? Mais bon… hors de question que je bosse plus longtemps pour vous.
Dès que je trouve autre chose, je me tire !