Contenu sensible : Agression sexuel, Opération médicale, Dysphorie
Ma poitrine a poussé vers mes 12 ans.
J’étais inquiète ! Il se passe quoi ? Je suis un garçon, je ne peux pas avoir des seins.
Mais secrètement, j’étais heureuse. Ça y est, les gens vont comprendre. Le docteur, qui savait tout, allez leur dire que voilà, on s’était trompé ! J’étais une fille.
Quelle ne fut pas ma déception… Le docteur a palpé mes seins sans délicatesse, m’a fait mal et m’a dit :
Oh ça arrive, c’est une gynécomastie. Mais surtout, ne t’inquiète pas. Ça n’a rien avoir avec ton orientation sexuelle. Ça ne veut pas dire que tu es gay.
On m’a inculqué que c’était une maladie, mais qu’il était possible de faire une ablation pour me guérir. Et j’ai commencé à me dire : « Et si mes pensées étaient liées à ça. Peut-être que si je pense être une femme c’est que je suis malade. »
Finalement, un côté s’est résorbé tandis qu’un autre s’est développé. L’asymétrie est devenue très gênante. J’ai essayé de la cacher comme je pouvais, avec des t-shirts amples. J’en avais honte.
Mais c’était quand même visible. Et vers 17 ans, quand mes colocataires l’ont remarqué et m’ont questionné, je leur ai expliqué maladroitement. Jusqu’à ce soir-là… Je ne me souviens plus très bien comment je me suis retrouvée à quatre pattes. Un de mes colocs m’avait poussé et m’a agrippé le sein par derrière tout en simulant un acte sexuel. On avait beau être habillé, j’ai senti à travers son pantalon son pénis bien dur m’appuyer contre mes fesses.
Ça s’est passé tellement vite, je n’ai rien pu faire. J’étais complètement paralysée. À partir de ce jour-là, je n’ai plus qu’éprouvé du dégoût pour mon sein.
Il a encore fallu attendre mes 24 ans, et une énième crise de dysphorie, pour que je me décide à faire une ablation mammaire. J’étais persuadée qu’après ça je me sentirais vraiment comme un homme.
Mais le pire… c’est que si j’ai hésité pendant des années à me faire opérer, c’est parce que j’avais peur de perdre le contrôle sous anesthésie et de révéler mon secret le plus profond : je suis une femme.
L’euphorie post-op n’a été que de courte durée.
J’ai d’abord ressenti de la douleur, puis une perte de sensibilité. Je ne sentais plus rien et une simple caresse était désagréable. Pendant plusieurs années, elle ne pouvait plus me toucher à cet endroit. Et j’ai découvert avec horreur que ma dysphorie était toujours présente.
Le besoin de faire ma transition devenait de plus en plus important. Et j’hésitais, encore et encore.
Que se passera-t-il? Est-ce que je me retrouverai à nouveau avec une asymétrie? Cette fois, de l’autre côté?
Cette crainte était restée très présente. J’avais peur et je regrettais mon erreur. Mais après m’être décidée et après plusieurs mois d’hormonothérapie, mes deux seins ont poussé. Et même si je n’ai plus de glande mammaire du côté gauche, une partie s’est développée.
J’ai, petit à petit, réappris à avoir des sensations. Et récemment, j’ai même pris plaisir à ce qu’on me caresse.